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Article / Entretien
Transmission journalistique

Atelier « Transmettre le journalisme », Assises 2010

Autour du livret de la collection "Journalisme responsable"

par Patrick Eveno

Thomas Ferenczi, ancien directeur de la rédaction et médiateur du Monde, animateur du débat, présente le livret Journalisme : la transmission informelle des savoir être et savoir-faire, publié par l’Alliance internationale de journalistes dans la collection « Journalisme responsable » (Rubrique collection journalisme responsable).

Un journal, c’est la rencontre d’un homme (ou d’une femme), d’une idée et d’une collectivité rédactionnelle. Comment transmettre les composantes de cet ensemble lors de la succession des générations ? Ces composantes sont : des techniques, des valeurs, des manières d’être et le sentiment d’appartenance à une collectivité.

La transmission a été remise en cause, après mai 1968 par le rejet de l’autorité, depuis une vingtaine d’années par le rôle accru des écoles de journalisme dans la formation des jeunes journalistes, par le développement des nouvelles technologies, par l’accroissement de la précarité des journalistes et par les départs anticipés à la retraite des plus anciens à la suite de plans sociaux.
Cependant, des tendances actuelles semblent redécouvrir les bénéfices de la transmission : des instruments de socialisation au sein des rédactions, tels que les chartes, les médiateurs, les sociétés de journalistes permettent de développer les sentiments d’appartenance commune. Le développement de la culture d’entreprise permet également de résister aux pressions commerciales.

Yves Agnès, ancien rédacteur en chef au Monde et ancien directeur du CFPJ, intervient ensuite, en insistant notamment sur l’importance des chefs de service. Il faut des chefs, qui organisent le travail collectif ainsi que la réflexion du service et les échanges entre les journalistes. Un « bon chef » doit être exigeant envers lui-même et envers ses troupes.

Dominique Marchetti, sociologue, fait état, à partir de deux enquêtes sociologiques sur le recrutement des journalistes et sur la vision de la profession chez les étudiants en école de journalisme, de la perte de la culture maison. La professionnalisation accélérée permet que les jeunes journalistes soient immédiatement opérationnels, mais aussi plus mobiles, ce qui entraîne un turn over important. Les logiques économiques des conditions de la production de l’information ont déplacé le pouvoir rédactionnel des chefs de service vers la rédaction en chef centralisée. Les anciens sont écartés au profit de pigistes, de précaires et de jeunes, ce qui entraîne une perte de mémoire. Il insiste également sur les journalistes sans liens (ou faibles) avec les rédactions : les expatriés, correspondants, solitaires, pigistes et free lance.

Eric Lagneau, journaliste à l’AFP, fait état de son expérience à l’AFP, notamment de la formation interne par les chefs anciens et de l’apprentissage de la distanciation et des procédures de rédaction spécifiques aux agences.

Christian-Marie Monnot, ancien médiateur de France 2, insiste sur l’absence de formation qui présidait aux destinées de l’ORTF. Toutefois, l’esprit d’équipe et l’esprit d’entreprise, qui existaient, ont été cassés par la course à l’audience et par la course à la rapidité, favorisée notamment par l’usage du protable.

Jacques Morandat, Jean-François Cullafroz, Manola Gardez, Benoît Califano, Patrick Eveno, interviennent ensuite dans le débat pour préciser les contraintes différentes des petites entreprises par rapport aux grandes ou l’importance des réalités économiques et sociales.

Date de publication 23 novembre 2010
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