Alliance Internationale de Journalistes
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Evénement / Débat
Exercice du métier

Séminaire de l’alliance internationale de journalistes

Forum Social Mondial, Porto Alegre, 28 janvier 2005.

Co-animateurs : Siddhartha, Linda Pollack, Philippe Merlant, Bertrand Verfaillie, Manola Gardez, Véra Salès, Zyad Majed, Nathalie Dollé.

Public : entre 80 et 90 participants. Jeunes professionnels et étudiants en journalisme. Beaucoup de brésiliens.

Nous avons choisi de mener notre séminaire sous forme d’atelier de travail.
L’accueil s’est fait en cercle qui se sont, après la présentation de l’alliance et du mode opératoire de l’après-midi, divisés en deux.
La participation a été très active et les échanges constructifs. Ce début de réflexion est a prolonger et a développer, l’ensemble des participants nous a laissé ses coordonnées.

Comment produire autrement de l’information

Le premier groupe a travaillé autour de Philippe, Manola, Bertrand et Véra sur « comment produire autrement de l’information ».
Philippe a présenté « place-publique » et sa conception de la « co-production d’information » en n’omettant pas les difficultés, en insistant sur les « conférences de rédaction ouvertes » et sur les formations à une « information citoyenne » (développer l’esprit critique, favoriser l’action, encourager le débat démocratique)

Au Brésil, la situation est très différente. La collusion entre journaux, pouvoir politique et pouvoirs économiques est patente. Les directions des journaux sont souvent sclérosées. Le paysage télévisuel est dominé par des chaînes commerciales et de pur divertissement. Le pays est immense et une part non négligeable de sa population est analphabète. Mais "on ne peut pas rester les bras croisées devant Télé Globo" s’est exclamée une participante.
Une grande majorité de la salle s’est exprimée sur la nécessité d’abandonner la « grande presse », en ne voyant de salut et de façon de faire de l’info différente que dans des médias alternatifs. Ce qui « ghettoïse », répond Bertrand, dans la mesure où l’alternative touche une minime minorité active.

Ont suivi de nombreux échanges sur l’impossibilité de faire différemment puisqu’on n’enseigne en plus qu’une façon de faire du journalisme, celle qui se pratique dans les grands médias et avec laquelle nous ne sommes pas d’accord.
Quelques interrogations n’ont pas trouvé de réponses : comment faire pour que les médias alternatifs soient accessibles au plus grands nombre ? Comment rester alternatif dans la durée ?…

Contrôle démocratique des médias

Le deuxième groupe a travaillé sur « le contrôle démocratique des médias » autour de Linda, Siddhartha, Zyad et Nathalie.

Pour Shafqat Munir, la presse doit contribuer à l’établissement d’un régime démocratique dans son pays, le Pakistan. Il milite pour des médias responsables devant la société, qui traitent de questions essentielles à la population, comme l’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé, à la mobilité. Il faut engager le dialogue avec les patrons de presse et mobiliser les journalistes en faveur de la démocratie.
Selon Patrice Barrat, journaliste français en agence de presse spécialisée et presse Internet, il faut créer des médias "équitables", qui ne soient pas seulement des organes de résistance mais des vecteurs de diffusion d’information générale. Il recommande la création d’un espace public, où les médias indépendants pourraient rassembler leurs forces.
Un participant estime qu’il faut inventer un système médiatique radicalement différent. Essayer d’améliorer le système actuel ne conduira pas à plus de responsabilité médiatique. Mathilde Imberty, journaliste française, pense qu’il faut travailler sur les sources de l’information ; le paysage français, dit-elle, souffre de la domination de l’Agence France-Presse.
Ziad Majed, journaliste, de Beyrouth, juge que les principaux problèmes sont l’absence d’un code éthique des médias et partant de là, le manque de droits pour les journalistes. C’est la porte ouverte à la censure et à l’autocensure. L’Alliance internationale des journalistes pourrait contribuer à l’établissement de ce code, qui serait un soutien précieux pour les journalistes du Sud. S’agissant des médias internet, il faudrait également encourager un rapprochement des sites alternatifs.
Souleymane Niang de Panos Sénégal note que la responsabilité journalistique est une question cruciale dans les pays africains déchirés par la guerre. Cela ne concerne pas que les médias du continent : en Côte d’Ivoire, l’Agence France-Presse a joué un rôle important dans les récents événements. Au Libéria, les presses nationales et les journalistes étrangers ont également influé sur le conflit. Responsabilité collective des médias et responsabilité individuelle des journalistes : il faut creuser ces deux aspects. A la question de savoir comment un journaliste irresponsable peut et doit être sanctionné, Souleymane répond que les sanctions les plus efficaces viennent des pairs.
Linda Pollack, coordinatrice de l’Alliance des journalistes aux Etats-Unis, évoque le développement des médias alternatifs, lié à la guerre en Irak. Le New York Times lui-même a été amené à s’excuser d’avoir diffusé des informations erronées sur les armes de destruction massive. Mais des reportages de médias alternatifs, solides et pertinents, ne sont pas repris par les médias dominants et n’atteignent donc pas le grand public.

Date de publication 3 avril 2007
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